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Que faut-il penser de l'article publié par l'UFC Que Choisir à propos des dérives de certaines plateformes de crowdlending ?

Que faut-il penser de l'article publié par l'UFC Que Choisir à propos des dérives de certaines plateformes de crowdlending ?

Une étude publiée par UFC Que choisir intitulée "Financement participatif : Alerte sur les risques et abus" en février 2017 fait grand bruit, car elle critique assez vertement les méthodes de commercialisation des investissements proposés par les plateformes de prêts ainsi que leurs insuffisances en matière d'analyse des projets, de leur risques et rendements potentiels. De plus des éléments contestables ayant été relévés par l'association dans les conditions générales de certains sites, l'article publié a généré une véritable tempête d'autant qu'il s'est ensuivi d'une part de poursuites de la part de l'UFC Que choisir vis à vis de 6 plateformes, et d'autres part d'une demande expresse auprès des pouvoirs publics pour renfocer la législation en matière de financement participatif.

Que faut il en penser ?


Tout d’abord, faisons attention de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain !


Comme le reconnaît la revue, le financement participatif en Europe continentale est un marché qui n’est pas encore mature. La revue ne traite que des plateformes de prêts et en aucune façon des plateformes de don, de titres, ou de royalties. La revue ne cible qu’une poignée de plateformes même si ce sont elles qui à ce jour brassent les volumes les plus importants. L’article de la revue UFC Que choisir n’est pas exempt d’un certain nombre de formules à l’emporte-pièce discutables, ou de démonstrations non exempts de critiques. A cet égard l’Association Financement Participatif France a très justement répondu (Cf. financeparticipative.org). Enfin, de quel montant parlons–nous ? D’à peine 100 millions d’euros en 2016 (Base association de financement participatif, plateformes adhérentes), de quoi s’intéresser au sujet mais pas de fouetter un chat !


L’article de la revue UFC- Que Choisir mérite toutefois la plus grande attention.


Cet article peut être consulté en suivant ce lien.


Il doit être pris au sérieux et les recommandations formulées en matière de transparence, de loyauté, de clarté des informations qualitatives et quantitatives, en matière de prévention des risques et de présentation des rendements doivent être suivies d’effets. L’association Financement Participatif France, dans sa réponse d’ailleurs n’en disconvient pas. Nul doute que les plateformes visées en tireront positivement des enseignements. Nous souhaiterions cependant ajouter à la réponse de Financement Participatif France que toutes les plateformes non citées ne doivent pas se sentir obligatoirement visées. Nombre d’entre elles, en effet, respectent les principes évoqués ci-dessus. Ces plateformes nombreuses sont le plus souvent de tailles plus modeste, et il ne faudrait pas l’impéritie de certaines de leurs grandes sœurs pour jeter l’opprobre sur toute la famille.


Quelle est la typologie de ces grandes sœurs au comportement non exempt de critique ?


Ce sont toujours des plateformes qui ont dépensé des sommes importantes pour créer leurs propres outils, (plutôt que de faire appel à une marque blanche aux fonctionnalités au demeurant souvent plus avancées). Elles sont généralistes avec des ambitions nationales et par voie de conséquence qui dépensent aussi beaucoup en communication. Elles cherchent à industrialiser le crowdfunding en multipliant les volumes mais sans disposer toujours des processus, de l’expérience, du recul, ou du savoir-faire du banquier en matière d’analyse de risques. Enfin elles ont oublié l’esprit d’origine et sociétal du crowdfunding, alors que curieusement certaines d’entre elles ont joué le rôle de pionnier et d’explorateurs de la finance participative !


Toutes ces plateformes, compte tenu de ces caractéristiques, ont un point mort très élevé (le plus souvent encore non atteint aujourd’hui) et des actionnaires exigeants. Elles visent dès lors à attraper un maximum de projets et des projets de toutes natures avec deux conséquences : des prises de risques élevés et des méthodes de communication et de présentation qui pour attirer le chaland peuvent être « limites».


Ces plateformes généralistes sont-elles l’avenir du crowdfunding ?


Nous ne le croyons pas et certaines vont disparaître


Nous voyons en fait arriver sur le marché des plateformes de taille moyenne, spécialisées avec des thématiques particulières (santé, vin, énergies nouvelles, collectivités locales, etc.), ou des prismes régionaux, affinitaires ou communautaires. On voit également arriver de nombreux « by-side- players » pour lesquelles le financement participatif est un nouveau canal de distribution, une nouvelle façon de travailler, un moyen d’être présent sur les réseaux sociaux. Ces deux types de plateformes (spécialisées ou by-side- players) connaissent le métier, maîtrisent leur communauté, sont plus proches des porteurs de projets, maîtrisent a minima les activités à financer et leur l’environnement.


Nous pensons que ces plateformes affinitaires ont par voie de conséquence des comportements naturellement plus vertueux et vont progressivement prendre une place de plus en plus importantes au côté des plateformes généralistes.