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Crowdfunding, crowdsourcing : des impacts économiques et sociétaux

Crowdfunding, crowdsourcing : des impacts économiques et sociétaux

La démocratisation d’internet et la numérisation des activités financières ont ouvert la porte à de nouvelles opportunités communautaires et collaboratives, favorisant l’entraide par le biais d’investissements solidaires entre particuliers ou la mutualisation des idées et des compétences au profit de projets collectifs.

"Un pour tous et tous pour un" une vieille locution remise au goût du jour avec l’essor du financement participatif. Dans une société où les prêts sont réservés à une minorité “solvable”, ce modèle économique 2.0, accessible à tous, n’importe où, n’importe quand, propose une alternative ou un complément au système de financement traditionnel. Devant l’engouement pour les plateformes de crowdfunding, au départ lancé pour soutenir le milieu artistique, de nouveaux acteurs se sont intéressés à la finance alternative et à l’économie collaborative : entreprises, collectivités, associations, startups… autant de profils à la recherche de soutiens pour promouvoir leurs projets et atteindre leurs objectifs. Don, prêt, equity… donner, prêter, investir, sont devenus une tendance sociale où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, en connexion avec ses valeurs.


Mais l’apport de "la foule" ne se limite pas au seul aspect financier. Crowdsourcing, open innovation… c’est toute une dynamique qui se construit autour du changement porté par l’intelligence collective et impacte de multiples secteurs.


Et si nous mettions un peu de "crowd" dans notre discours ? Cet article propose un état des lieux des dynamiques économiques et sociétales insufflées par le financement participatif et les plateformes collaboratives.

Crowdfunding : un modèle de financement collectif qui ne cesse de croître

Avec plus de 800 plateformes créées dans le monde en moins d’une décennie, le crowdfunding s’est positionné dans le paysage économique comme une alternative ou un complément au système de financement traditionnel, un outil collectif et de confiance autant pour les porteurs de projets que pour les contributeurs. Particuliers, entreprises, associations, startups ou encore collectivités, c’est un modèle profitable à tous et déclinable à tout secteur d’activité qui souhaite s’engager dans une démarche de financement participatif.


Selon les derniers chiffres du baromètre de la finance alternative en France, le crowdfunding a toujours le vent en poupe, les montants collectés ont augmenté de 36% entre le 1er semestre 2017 et celui de 2018. On comptabilise au premier semestre 2018 près de 1 300 000 contributions.


Parmi les Success stories du financement participatif, nombreuses sont celles qui ambitionnent d’avoir des retombées positives sur la société et trouvent un large écho auprès des contributeurs en quête de sens. Citons l’exemple du film "Demain", documentaire qui recense les initiatives et solutions de plusieurs pays dans le monde face aux défis environnementaux et sociaux du XXIème siècle. Pour compléter le budget et aller jusqu’au bout du projet, le film a lancé une campagne de crowdfunding. L’objectif espéré était de 200 000 euros - la campagne a atteint 444 390 euros, soit plus d’un quart du budget du film.


Financer des projets solidaires et être acteurs du changement

Parmi les contributeurs, un nombre croissant se tournent vers le crowdfunding dédié à l’économie sociale et solidaire (ESS) ou "crowdimpacting". Une quinzaine de plateformes en France proposent désormais de subventionner des projets à fort impact social, environnemental ou encore dans une démarche de solidarité internationale. C’est en 2010 qu’apparait la première plateforme participative de co-financement en "don contre don", Babeldoor. Afin d’offrir un large panel de ressources aux porteurs de projets, la plateforme s’était par la suite diversifiée et proposait un système de co-création de projets mixant crowdfunding et crowdsourcing : pour collecter des fonds, mais aussi de l’aide, des compétences et tous les moyens nécessaires au développement de projets socialement utiles. Apporter du sens à son épargne, une dynamique en hausse, notamment auprès des jeunes épargnants à la recherche d’investissements "utiles".


Les plateformes de crowdfunding sont un levier qui permet aux projets de l’ESS de se développer et de réussir leurs objectifs là où la finance traditionnelle y aurait mis un frein. C’est aussi un moyen d’obtenir un gage de confiance sur la viabilité du projet et son intérêt auprès du public, un recours pour se faire connaître des décideurs et investisseurs.


Le crowdfunding pour impliquer les citoyens dans les décisions publiques et développer un territoire

Depuis décembre 2015, le crowdfunding est désormais ouvert aux collectivités territoriales. Un mode de financement qui leur permet de s’engager soit en tant que partenaires de campagnes portées par des administrés, soit en tant que collecteurs pour financer des projets bénéfiques à l'intérêt de la collectivité. Pour les collectivités territoriales, le financement participatif représente l’opportunité de donner une nouvelle dimension à leurs actions. Elles s’associent à des dynamiques d’engagement citoyen et d’entreprise afin de favoriser le développement de l'économie de proximité, de mobiliser l'épargne locale. Au-delà du levier économique, les collectivités voient dans le crowdfunding un moyen d’impliquer les acteurs locaux - habitants - associations - entreprises - aux décisions publiques dont ils seront directement ou indirectement bénéficiaires. En mobilisant l’engagement citoyen, associatif ou entrepreneurial local, les collectivités s’engagent dans une démarche positive et constructive pour consolider le lien social.


Les collectivités ne sont pas les seules à utiliser le crowdfunding pour développer un territoire. Des citoyens-entrepreneurs sont à l’initiative de plateformes de financement participatif dédiées à des projets qui créent de la valeur et de l’emploi à l’échelle d’une région. Citons par exemple Gwenneg pour la Bretagne, Vendée Up ou encore Move Corsica.


Autre projet innovant qui ouvrira bientôt ses portes virtuelles, Babelcoop "la plateforme coopérative des défricheurs et des bâtisseurs d’utopie directe", à l’initiative d’Hortense Garand, fondatrice de Babeldoor. Via la plateforme, collectivités, professionnels ou particuliers disposant de terrains en “friche” et tous porteurs de projets souhaitant développer un lieu de vie collectif, peuvent mutualiser leurs idées et leurs moyens. Babelcoop agit comme un intermédiaire afin de faire se rencontrer des porteurs de projets susceptibles de travailler ensemble à la réhabilitation de lieux à potentiels et valoriser ainsi un patrimoine, des territoires et des modes de vie collectifs.

Soutenir l’entrepreneuriat grâce au financement participatif

Outre sa dimension sociale de grande envergure, le crowdfunding participe à soutenir les entreprises et à promouvoir l’entrepreneuriat. Il est le marché des entreprises existantes qui cherchent à se développer ou celles qui sont en création. Il participe à développer une économie alternative, en proposant de valoriser des projets à fort potentiel. Il intervient en amont ou en alternative du financement traditionnel encore peu enclin à soutenir l’entrepreneuriat sans garanties préalables de la viabilité du projet.


Pour les entreprises en création, le crowdfunding va agir comme un levier de confiance. Devant la popularité validée du projet auprès des particuliers contributeurs, les banques sont alors plus enclines à accorder un prêt. Cela permet également aux entreprises de ne pas être dépendantes d’une unique source de financement et de diversifier leurs investisseurs.


Quant aux entreprises existantes en phase de développement, c’est un moyen pour elles de lever des fonds, se faire connaître auprès du grand public et de promouvoir leur projet. L’étape de communication au sein d’une plateforme de financement est à travailler avec soin puisque toute la campagne va reposer sur l'habileté de l’entreprise à impulser son projet auprès de sa communauté élargie. De la qualité de la campagne de crowdfunding dépend la viabilité du projet et sa notoriété future.


Crowdfunding et open innovation comme outils de développement des entreprises

Outre la recherche de fonds, proposer un projet à travers une plateforme de financement participatif est un moyen de tester un produit ou un service, de valider une idée et d’analyser ce qui fonctionne. Un bon produit retiendra l’attention des contributeurs et permettra à l’entreprise d’effectuer une étude de marché et de se constituer sa première base de clients.


C’est aussi l’occasion de communiquer différemment. Une "foule" sensibilisée au produit apparaît comme un auditoire idéal pour tester de nouveaux plans marketing. Au-delà de la levée de fonds, les contributeurs, s’ils sont sollicités, peuvent être à l’initiative de toute une ressource d'énergie, de réseau, d'informations et d’idées, qu’ils mobilisent et mutualisent pour la réussite du projet, dans une stratégie de mix crowdfunding/crowdsourcing.


Autre outil de développement d’une entreprise, l’essor de l’open innovation. Développé au début des années 2000, le concept de l’open innovation fait référence à un processus d’innovation fondé sur le partage et la collaboration. L’innovation "ouverte" permet, entre autres, de mettre en relation des acteurs susceptibles de pouvoir collaborer et innover ensemble. La plateforme Eyeka, par exemple, agit comme un intermédiaire de rencontre entre créateurs et entreprises en quête de bonification de leurs opérations de communication et marketing.


A travers ces nouvelles innovations technologiques et collaboratives, l’entreprise n’est plus "refermée" sur elle-même au sein de son département R&D, mais recherche la synergie de compétences, d’expertises, d’idées en s’ouvrant sur une diversité d’acteurs extérieurs (chercheurs, entreprises partenaires, clients, étudiants, etc.).


Le principe de la boîte à idées émerge de ces nouvelles tendances en rupture avec "l’innovation fermée". Les entreprises doivent continuellement s’adapter aux évolutions de leur marché, être au plus près des attentes clients est devenu indispensable. Une boîte à idées en ligne permet d’utiliser au mieux l’intelligence collective, en récoltant les meilleures idées au plus proche du terrain, rapidement, et à moindre frais. Par ailleurs, les clients se sentent écoutés et impliqués, ils s’approprient la marque et peuvent devenir des ambassadeurs.

Mobiliser et impliquer ses collaborateurs via une plateforme d’open innovation

Les plateformes d’innovation ouverte font appel aux acteurs extérieurs pour favoriser l’innovation mais elles se développent également au sein même des entreprises dans une stratégie d’implication des salariés. Les objectifs à cette mutualisation d’idées sont multiples pour l’entreprise. On retrouve parmi ces enjeux, un objectif économique. En partageant leurs compétences et idées innovantes, en communiquant sur la résolution de problèmes par un retour d'expérience, les salariés jouent un rôle dans l’optimisation des performances de l’entreprise et participent à l’innovation.


L’aspect financier n’est pas le seul leitmotiv à ces tendances de capitalisation des idées. L’objectif social est lui aussi fortement valorisé. En impliquant les salariés dans la R&D de l’entreprise, c’est tout un processus d’écoute, de reconnaissance du savoir-faire et de mise en avant de compétences individuelles. Les salariés deviennent partie intégrante de l’entreprise et se sentent reconnus comme tel.


Les plateformes d’open innovation en interne sont également le lieu pour proposer des pistes d’amélioration à tous niveaux : nouveaux services, ergonomie des postes de travail, etc. C’est un moyen pour l’entreprise de participer au développement de sa Responsabilité Sociale et Environnementale, pour les salariés d’être les décideurs de leurs espaces de travail et d’améliorer leur Qualité de Vie au Travail.


Lancer une plateforme de mécénat et bénévolat de compétences pour développer la RSE et la QVT

L’autre grande tendance favorisant la RSE des entreprises en même temps que la Qualité de Vie au Travail (QVT), émane de l’intérêt croissant pour le mécénat et le bénévolat de compétences. Des démarches facilitées par le crowdsourcing et l'émergence de nouveaux outils d'intermédiation en marque blanche.


Le bénévolat de compétence est un don gracieux de compétences à des associations, dans le cadre d’une mission précise. Le salarié qui souhaite proposer son savoir-faire sous cette formule doit le faire en dehors du cadre professionnel, autrement prendre sur son temps de vacances et/ou retraite. Il n’obtiendra pas de rémunération de la part de l’entreprise. Quant à lui, le mécénat de compétences est une forme reconnue du mécénat. Il s’agit pour l’entreprise de permettre à ses salariés de consacrer quelques heures/jours de leurs temps à une association d'intérêt général.


Dans la pratique, le mécénat est un outil profitable à la réputation de l’entreprise et lui confère un statut d’acteur de la société civile. Cela permet une valorisation de son identité et une sensibilisation à d’autres thématiques que son activité productive. Le mécénat agit aussi sur le développement et la promotion de la politique de RSE de l’entreprise qui va renouer avec ses salariés et créer un sentiment d'adhésion fondé sur des valeurs communes. La recherche de bien-être au travail, l’épanouissement professionnel ou encore la reconnaissance sont des objectifs portés par les nouvelles générations qui arrivent sur le marché du travail en quête de sens. Leurs attentes ne sont plus uniquement professionnelles mais poussées par cette volonté de contribuer au bien commun.


Développer une politique de mécénat ou de bénévolat de compétences exige de mobiliser de nombreux intervenants tout au long de la chaîne préparatoire ; de la réalisation à l'évaluation de la mission. Une gestion complexe parfois freinée par la limitation de ressources propres au fonctionnement des fondations d’entreprises. Face à cette contrainte, l'émergence d’outils d'intermédiation en marque blanche, telle que la solution MIPISE, permettent de fluidifier les processus et offre aux entreprises et salariés l’opportunité de participer simplement à des projets de mécénat, nouvel outil d'intérêt général.


Grâce aux technologies numériques, partout dans le monde, à différentes échelles, des communautés se créent et s’organisent pour soutenir des projets à utilité sociale, environnementale, innovants. La transition digitale a réveillé la responsabilité de chacun vis-à-vis du collectif. Les plateformes de crowdfunding permettent de soutenir et de développer tout un pan de l’entreprenariat qui ne trouve pas spontanément écho dans le système de financement traditionnel. Le financement participatif agit comme un levier pour impliquer les citoyens dans les décisions publiques et engage les collectivités dans un dynamisme constructif. Les plateformes de crowdsourcing et d’open innovation participent à construire une RSE de qualité et à valoriser l’engagement social et solidaire des entreprises. A travers ces exemples, on constate que le "social good web" porté par les plateformes collaboratives contribue à alimenter une dynamique sociale positive et à œuvrer pour une transformation collective de notre société.