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Crowdlending et Crowdsourcing : le cocktail gagnant ?

Crowdlending et Crowdsourcing : le cocktail gagnant ?

Les chiffres du baromètre 2017 du crowdfunding publié par Finance participatif France parus à la mi-janvier sont positifs : Le Crowdlending a connu une progression significative de ses volumes avec plus de 100 % de croissance entre 2016 et 2017, passant de 97 M€ collectés à 195 M€.

Malgré cette progression phénoménale du financement participatif en prêt, il reste que les chiffres du baromètre 2017 témoignent d'un succès encore timide du Crowdlending.


Le Crowdlending ne tient pas encore toutes ses promesses


Phénomène né aux Etats-Unis avec le succès de LENDING CLUB, le Crowdlending s’inscrit dans le vaste mouvement de désintermédiation de l’économie et d’ubérisation de la banque ; il est poussé par des tendances sociétales fortes et les valeurs de l’économie collaborative (facilité d’usage, proximité, caractère ludique, utilisation d’internet et des réseaux sociaux etc.). En France, le Crowdfunding en général et sa branche destinée aux entreprises, le Crowdlending, ont pu voir le jour grâce à l’appui des gouvernements.


Pourtant le Crowdlending n’a pas encore révélé tout son potentiel, il existe à cela un certain nombre de raisons :


  • Le phénomène est récent (moins de cinq ans). De fait il n’est pas encore suffisamment connu du grand public et de la plupart des artisans, commerçants, PME ou ETI.
  • Les autorités de tutelle sont vigilantes - il est nécessaire d’éviter les abus, défendre le consommateur, lutter contre le blanchiment et imposer un certain professionnalisme. Cependant, les longs processus de livraison des autorisations (CIP notamment) et des barrières financières élevées limitent l’extension du phénomène.
  • Une réelle fiscalité incitative – à l’instar de la grande Bretagne – n’existe pas encore

La difficulté du Crowdlending à prouver la perennité de son modèle s’explique aussi par :


  • Un coût très élevé qui peut paraitre rédibitoire sans une étude détaillée des conditions. C’est certainement le cas pour toutes les entreprises saines qui pourraient y recourir. Pourquoi payer des taux d’intérêt élevés (supérieur à 7,0 % en moyenne- selon le baromètre du mois de septembre et pouvant atteindre 10% à 12 %).
  • Face à une analyse des risques exigente, certaines entreprises ne passent pas l'étape de validation par la plateforme et se voient refuser son accès.(CF étude publiée le 22 février par UFC-QUE CHOISIR).
  • Les startups, dont la demande est élevée, mais en manque de Track record (trois bilans requis) ne rentrent pas dans le scope des plateformes.
  • Certaines plateformes ont dépensé des sommes importantes pour créer leurs propres outils (plutôt que de mutualiser les coûts en faisant appel à une marque blanche). Elles ont un point mort élevé. Elles sont généralistes avec des ambitions nationales et dépensent aussi beaucoup en communication. Elles cherchent à industrialiser le Crowdlending en multipliant les volumes mais sans disposer de tous les processus nécéssaires, de l’expérience, du recul, ou du savoir-faire en matière d’analyse de risques. Poussées par des exigences de rentabilité et leurs actionnaires financiers, elles font du Crowdlending un produit à haut rendement, au détriment de la notion de participatif ou de collaboratif.

En dépit de la brèche consentie par les pouvoirs publics au monopole bancaire, le Crowdlending peine à répondre aux espérances suscitées et la seule utilisation d’internet et des réseaux sociaux ne suffisent pas à faire différences. Le crowdlending doit se forger son propre modèle, il ne doit pas chercher à répliquer le modèle des banques, car il n'en possède ni la capacité, ni les moyens.


Le Crowdlending a un rôle à jouer :


  • Les besoins des PME et ETI sont toujours considérables et les banques ne prennent pas fondamentalement de risques : elles accompagnent la croissance des entreprises, ce qui n’est pas la même chose.
  • Les prémisses de base à l’avènement du Crowdlending (ubérisation de l’économie, défiance envers la finance traditionnelle, tendances sociétales d’implication, de proximité etc.) n’ont jamais été aussi présentes.

Le Crowdlending est à ré-enchanter


Le Crowdlending s’est vite éloigné de l’état d’esprit qui a présidé ses origines. Le Crowdlending ne prendra son envol que s’il invente son propre modèle, s’il ne réplique pas le modèle de la banque, s’il passe sur le plan sémantique du Crowdlending (prêt par la foule) au prêt participatif ou collaboratif.


Le Crowdlending peut encore grandir et s'épanouir à condition que les plateformes :


Prérequis 1: Réussissent à intéresser l’emprunteur en lui permettant non seulement de financer son projet mais aussi à créer autour de lui une communauté, à fidéliser une clientèle, à recueillir des avis et des idées, à transformer les contributeurs en ambassadeurs, à tester le marché, etc.


Prérequis 2: Suscitent l’intérêt du prêteur tout autant par des sentiments communautaires, affinitaires, d’entre-aide, d’implication, de liberté de choix et de proximité que par le seul attrait de rendements élevés.


Prérequis 3 : Autorisent une prise de risque plus importante et in fine mieux maitrisée. Dans ce cadre, les plateformes spécialisées de type communautaires, régionales, thématiques, affinitaires ont facilement vocation à remplir les deux premières exigences. Ce type de plateformes connaissent le métier, maîtrisent leur communauté, sont plus proches des porteurs de projets, ont connaissances des activités à financer et de leur environnement.


Toutes les plateformes (spécialisées et généralistes) sont en capacité, et à moindre frais, de se doter des fonctionnalités existantes du marketing participatif, du crowdsourcing et de l’open innovation, d’utiliser les fonctionnalités avancées du crowdsourcing pour satisfaire à ces séries d’exigences. Elles ont la possibilité de :


  • Séduire et intéresser le prêteur par le versement de contreparties non exclusivement financières (ex : bouteilles de vin, voyages, bons d’achat/codes promotionnels etc.)
  • Organiser des campagnes innovantes type "duo" (prêts et dons) et /ou qui permettent au prêteur, s’il le souhaite, de faire cadeau des intérêts
  • Utiliser - avant, pendant ou après la campagne - tous les ressorts du marketing participatif et de l’open innovation (co- conception de produits, boites à idées, défis à relever, gamification, reconnaissance sémantique, test de marchés etc.)

On citera également, en vue d’une maîtrise raisonnable du risque, de conditionner le lancement de campagnes de prêt à la réussite préalable d’une campagne de prise de garantie auprès de son premier cercle – cas des crédits qui sont compris entre 20 k€ et 200 k€


Il est clair que d’autres ouvertures sont encore à trouver. La technique n’est plus un problème ; la seule limite à tout cela, c’est l’imagination !


(1) Possibilité de prêter 2000 € par personne et par projet (jusqu’à 5000 € s’agissant de prêts non rémunérés) - possibilité même pour des personnes morales de prêter à des entreprises (via l’émission de mini- bonds) - Possibilité de déduire fiscalement d’éventuelles pertes sur les gains réalisés par ailleurs en matière de prêt – cf. Revue Banque du mois d’Avril 2014 qui déjà soulignait l’intérêt pour une banque de voir dans le Crowdfunding un moyen de répondre positivement à des demandes qu’elle ne veut ou ne peut satisfaire, à améliorer le ratio détracteurs/prescripteurs, à développer une activité génératrice de commissions, à redorer même un blason parfois écorné… sans le risque de se voir supplanter.